Sept ans après la parution de « L’hypnotiseur » (Casterman, 2010), Juan Sáenz Valiente et Pablo De Santis sont à nouveau réunis pour ce polar fantastique aux accents rétro et dont le mélange des genres est étonnant.
Préparations magistrales
En Antarctique, un scientifique fait la découverte d’un organisme aux propriétés extraordinaires. Une fois que cette sorte d’algue a envahit les corps étrangers pour assurer sa subsistance, elle est capable d’agir à la fois comme un système nerveux et comme un système de défense. Grâce à cette découverte exceptionnelle, le Dr Jarman est persuadé d’avoir trouvé un remède face à la mort, mais cette algue suscite des convoitises, et certaines personnes mal intentionnées y voient surtout l’opportunité de prendre le pouvoir sur la ville et ses habitants.
Cobalt, agent spécial en sommeil depuis 10 ans, tient une pharmacie de quartier. Un matin, il reçoit la visite de Cuivre, un autre agent qui lui confie une ordonnance mentionnant différents poisons. Cobalt comprend alors qu’il doit reprendre du service et dire adieu à son tablier d’apothicaire. Sa mission : trouver et éliminer 4 personnalités importantes de la ville qui sont devenues dangereuses à cause de l’algue car elle a pris possession de leurs corps et les utilisent à leurs propres fins… Alors qu’il découvre l’identité de ces personnes au fur et à mesure des missions, la dernière personne impliquée dans cette histoire n’est autre que Zinc, son ancien patron…
Un antidote appelé « Cobalt »
Après « Mémoires d’une vermine », « L’hypnotiseur » et « Norton Gutiérrez », « Cobalt » est très réussi et permet à Juan Sáenz Valiente de mettre en avant l’aspect protéiforme de son style graphique. Les cadrages sont dynamiques, les perspectives déformées, et Juan Sáenz Valiente a plongé chaque chapitre dans une ambiance colorée différente grâce à la bichromie, ce qui donne une petite touche rétro à l’ensemble. Le dessin m’a fait autant penser à la Panthère Rose qu’à certains monstres sortis des cauchemars de « The Wall », le film d’Alan Parker. Une association… étonnante !
Les personnages ont chacun un physique bien particulier : Cobalt est grand et tout en muscle, c’est un colosse aux faux airs de Schwarzenegger ; Cuivre est tout son contraire : fin, anguleux, avec une moustache sortie des vieux films des années 60/70. Quant à Zinc, le cerveau de leur organisation secrète, il est tout petit et semble être inoffensif derrière ses grosses lunettes.
« Maisons abandonnées, bâtiments vides. C’est comme si l’on avait empoisonné la ville entière avec des potions d’obscurité. »
Et cette grande ville, dangereuse et désertée, serait-ce un clin d’oeil à « Perramus » de Breccia et Sasturain, avec Santa Maria, la ville qui perd son âme ? Cela ne serait pas impossible, tant l’influence de El Viejo est importante dans l’héritage de la bande-dessinée sud-américaine.
Au final, Pablo De Santis et Juan Sáenz Valiente ont crée une espèce d’ovni venue d’Argentine qui détonne un peu dans le paysage de la bande-dessinée européenne, mais ça, c’est pour notre plus grand plaisir.
Informations pratiques
- Cobalt
- Pablo De Santis (scénario) et Juan Sáenz Valiente (dessin)
- one shot
- Michel Lafon
- 2017
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