Avec ce titre accrocheur, Blutch nous propose sa vision du cinéma. Une vision très personnelle, empreinte de force, de prestance, de sensualité, qui fait écho aux acteurs dont elle émane et aux histoires qu’elle raconte.
A l’ouverture de cette histoire, nous ne sommes pas pris pas en traitre. La 1ère image donne le ton :
« Ces scènes – et quelques autres – prennent place, naturellement, dans le film de cinéma pur que j’ai souvent rêvé de composer et qui ne raconterait pas une histoire, qui n’aurait ni commencement ni fin un déroulement d’images se suffisant à elles-mêmes comme ces bouleversantes combinaisons de figures que le hasard assemble quelquefois, sans préavis ni justification, sur notre route. »
Car « Pour en finir avec le cinéma » va être construit de la sorte. On peut dire sans début et sans fin, mais pas sans queue ni tête.
Avec ce travail très personnel, Blutch déverse sur papier tout ce qu’il a à dire sur le cinéma. Sa jeunesse influencée par le 7ème Art, Burt Lancaster et d’autres acteurs fétiches qu’il envie à l’écran et qu’il transpose dans sa vie, l’image de la femme au cinéma, King Kong et les productions Hollywoodiennes, la sensualité de la scène (cul)te du « Mépris » de JL Godard avec Brigitte Bardot, l’apogée du cinéma italien, l’industrie (dans le mauvais sens du terme) du cinéma… tout y passe.
C’est en quelque sorte « une certaine histoire du cinéma » mais avec un œil très passionnel et bienveillant. Ou encore un peu comme le film « Les acteurs » de Bertrand Blier mais avec un côté beaucoup plus déjanté.
De la BD d’Art et Essai
« Pour en finir avec le cinéma » mélange à la fois une approche intellectuelle et sensuelle, ce qui va en dérouter plus d’un. De plus, si vous n’êtes pas un cinéphile averti tout comme moi, vous allez rater pas mal de références et de clins d’oeils (aux acteurs, à leurs rôles, leurs dialogues…)
Mais ce n’est pas grave.
Car si vous voulez absolument tout comprendre, vous allez passer à côté de l’essentiel et cette histoire vous semblera trop hermétique. Faites fi de ces incompréhensions et laissez-vous guider par le « déroulement d’images ». Laissez-vous emporter par les dialogues, par les dessins et vous entreverrez ce que Blutch a voulu porter en images.
« Pour en finir avec le cinéma » est une déclaration d’amour faite au cinéma. Car même s’il reste lucide sur « l’usine à rêve » en laquelle le cinéma s’est un peu transformé, Blutch ne peut pas faire une bande dessinée comme celle-là sans aimer le cinéma « follement, éperdument, douloureusement ».
« Pour en finir avec le cinéma », c’est le film que Blutch aurait aimé réaliser s’il avait été dessinateur de BD. Comprend qui pourra. En tous cas, c’est surtout de la BD d’art et essai comme on aimerait en lire plus souvent.
Informations pratiques
- : Pour en finir avec le cinéma
- Blutch
- one shot
- : Dargaud
- 2013