Dans la chaleur de la Californie, une bikeuse aux cheveux rouges sang et à la poitrine offerte aux vents, rencontre un cowboy de 30 cm qui grandira à chaque fois qu’ils feront l’amour. Cette histoire follement érotique sera entachée par des motardes avides de baston qui vont les poursuivre jusque dans le désert…
Casser du bonhomme
Lorsque Blutch dessine le cinéma qu’il aime tant, cela donne une histoire très personnelle (« Pour en finir avec le cinéma »)
Et quand Christophe Blain rend hommage à l’univers acide(ulé) des années 60 et notamment à Guy Peellaert [1], cela donne une course-poursuite érotico-pop très singulière, tant dans sa forme que dans son scénario.
On est à la fin des 60’s, début des 70’s. Période expérimentale par excellence : drogues en tous genres, libération sexuelle, musique psychédélique… Tout est permis et Christophe Blain s’en donne à cœur joie ! Derrière un dessin envoutant et des aplats de couleur flashy, les scènes sont d’une grande violence et d’un érotisme torride. Un bon mélange entre « Pulp Fiction » pour la scène de baston au début dans le bar, et les vieux pornos à poils (et à moustache) des années 70-80. Autant dire que ça démarre sec !
Alternant les planches traditionnelles avec des doubles pages à 1 ou 2 couleurs, Christophe Blain utilise des plans en contre-plongée et des cadrages très cinématographiques qui apportent du dynamisme et qui rythment l’ensemble du récit. Un régal de composition.
Une BD musicale en hommage aux 70’s
Objet hybride, le livre se lit en même temps qu’il s’écoute. Le CD, dont les chansons sont interprétées par Barbara Carlotti, est complémentaire à l’histoire dessinée. L’ambiance musicale, fortement inspirée de l’époque, reste cependant bien ancrée dans un univers contemporain. Bien que discrets, les bruitages permettent de bien poser chaque décor, et les doublages[2], charnus et sensuels, apportent une dimension intéressante à ce roadmovie du 9ème Art.
Fans de Christophe Blain, n’attendez pas ici un scénario ficelé comme celui de « Quai d’Orsay ». Le scénario de « La fille » est un terrain d’expérimentation pour Blain, une histoire avec des touches colorées hallucinogènes et des délires scénaristiques qui sont faits pour se faire plaisir et régaler le lecteur.
Et contrairement aux BD de Guy Peellaert[3], l’histoire ne dit pas qui a inspiré Christophe Blain pour dessiner « La fille ». Mais peu importe tant que l’inspiration ne le quitte pas. C’est bien ça l’essentiel.
Notes et références
[1] « Pravda la Survireuse » (1968)
[2]Participation d’Arthur H et Blutch pour les voix des 2 bikeurs que le héros va croiser sur sa route
[3] Sylvie Vartan a inspiré Guy Peellaert pour « Les aventures de Jodelle » (1966) et « Pravda la survireuse » (1968) a été inspirée par Françoise Hardy
Informations pratiques
- : La fille
- Christophe Blain et Barbara Carlotti
- one shot
- : Gallimard
- 2013
A noter que la génèse de « La Fille » (4 pages) avait été dessinée et publiée en 2008 dans un numéro de Pilote spécial « Mai 68 ». Quelques planches sont visibles ici :
http://forbiddenplanet.co.uk/blog/2008/from-our-continental-correspondent-christophe-blain-in-pilote/