Pour célébrer le centenaire de la 1ère Guerre Mondiale, Joe Sacco a publié « La Grande Guerre, le 1er jour de la bataille de la Somme ». Ce livre de 24 pages, qui se plie et se déplie en accordéon sur plus de 7 mètres de long, raconte la journée du 1er juillet 1916 pendant laquelle 20 000 soldats ont été tués (dont 10 000 britanniques pendant la première heure) et plus de 40 000 ont été blessés.
Panorama historique d’une rare monstruosité, le « jour le plus sanglant pour l’armée britannique »1 décrit par Sacco ne contient ni cases ni dialogues : simplement un long plan séquence pendant lequel les soldats se préparent au combat et tombent les uns après les autres pendant cette terrible journée.
« Ce que cette fresque essaie de montrer, c’est l’ampleur de ce qui s’est passé ce jour-là. J’ai voulu donner une idée de l’ampleur du massacre, une idée des pertes et des souffrances humaines. »2
Mais au-delà de l’aspect historique, la démarche de l’auteur est intéressante aussi car elle dépasse le cadre de la bande dessinée dont elle est issue à l’origine.
Ainsi pendant tout l’été, on pourra voir cette journée reproduite de manière gigantesque dans un couloir de 130 mètres de long sur plus de 4 mètres de haut à la station Montparnasse-Bienvenue à Paris !
Agrandie ainsi, on est littéralement plongé en plein milieu du champ de bataille : les personnages prennent vie et on peut voir une multitude de scènes dans lesquelles chaque détail compte, un peu comme dans les tableaux de Brueghel ou Jérôme Bosch. Au milieu du massacre qui se joue devant nous, on perçoit le drame humain dans toute sa dimension, à la fois individuelle et collective.
Avec une telle mise en scène, cette fresque de papier prend une toute autre dimension, une dimension artistique qui pourrait bien élever cette histoire au rang des bandes dessinées qui donnent toute leurs lettres de noblesse au 9ème Art.
The Great War by Joe Sacco from WW Norton on Vimeo.