COQUELICOTS D’IRAK, de Brigitte Findakly et Lewis Trondheim

D’abord publié par épisodes sur l’application mobile « La matinale » du journal « Le Monde », « Coquelicots d’Irak » vient de paraître en intégralité chez L’Association.

L’histoire d’une jeune fille

Dans cette BD autobiographique, Brigitte Findakly, née à Mossoul en 1959, met principalement en scène ses jeunes années passées en Irak. A travers ses propres souvenirs, elle nous montre l’évolution de son pays : sorties en famille, éducation à l’école, discussions entre amis et amitiés entre voisins, mais aussi instabilité politique et coups d’états, exécutions et pendaisons, rationnements alimentaires, et puis les interdits qui sont de plus en plus nombreux…

Et puis en 1973, la famille décide de quitter l’Irak et de partir vivre en France à Paris. Là, c’est un nouveau chapitre de sa vie qui commence, en pleine adolescence, et choc n’en sera que plus rude. A la tristesse de devoir quitter son pays s’ajoute le fardeau de l’exilé : dans la rue, avec le temps, les gens vous voient comme un étranger, à la fois dans le pays qui vous a vu naître et dans le pays qui vous a accueilli. Et même si ce n’est jamais écrit, on sent que la jeune Brigitte n’est plus chez elle nulle part, elle est déracinée. Arrivée en France quelques années après Mai 1968, le décalage culturel et social est très important, notamment lorsqu’elle retournera en Irak voir ses cousins et cousines : leur vie n’est plus la même qu’avant, et cela ne fait que nourrir sa nostalgie envers ce pays qui l’a vue grandir mais qui a bien changé.

L’histoire d’un pays

Dans « Coquelicots d’Irak », la narration tourne autour de 3 types de séquences que Brigitte Findakly alterne sans cesse : il y a d’abord les anecdotes familiales (le pistolet que sa mère avait enterré dans le jardin), puis les coutumes locales (en Irak ce sont les hommes qui font les courses) et enfin les événements tragiques qui ont, entre autres, conduit sa famille à l’exil. Les fins de certaines séquences sont ponctuées de photos de famille, donnant au récit un aspect encore plus personnel.

Le dessin de Lewis Trondheim est en parfaite osmose avec le texte ; il n’en dévoile ni trop ni pas assez. La mise en page est sobre, il n’y a pas de volonté de faire quelque chose de spectaculaire, l’émotion se trouve dans la façon dont Brigitte Findakly nous raconte ces fragments de souvenirs et les événements, qu’ils soient historiques ou intimes, portent le récit.

Brigitte Findakly voulait depuis longtemps raconter « son » Irak. Cela a commencé lorsqu’elle a compris qu’elle n’y retournerait plus, puis quand ses cousins lui ont dit qu’ils allaient quitter le pays, lorsque son père a commencé à perdre la mémoire… Et le déclic a eu lieu lorsque l’Etat islamique est entré dans Mossoul. A ce moment là, elle s’est sentie prête à en parler et à travailler avec Lewis Trondheim, son compagnon. « Coquelicots d’Irak » est un récit fragmenté et intime dans lequel on ne sent ni animosité ni jugement de sa part. Elle est dans l’empathie et la retenue, elle nous donne à lire une histoire touchante, faite de tolérance et de respect, une histoire pleine d’amour envers les siens et envers le pays de son enfance, qui restera à jamais celui des coquelicots, des vieilles pierres et des sorties avec ses parents, non loin de Mossoul.

Informations pratiques

Coquelicots d'Irak, de Brigitte Findakly et Lewis Trondheim

  • Coquelicots d’Irak
  • Brigitte Findakly (scenario et couleurs) et Lewis Trondheim (dessin)
  • one shot
  • L’Association
  • 2016

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